L’«extrême générosité» en discussion dans les pages du Temps – 2 janvier 2018

Le Temps fait appel aux sociologues et philosophes pour décrypter l’altruisme: «l’extrême générosité est devenue une valeur montante», constate le quotidien suisse.

Le sociologue Ronan Chatelier affirme ainsi que «l’altruisme a longtemps été considéré par les économistes comme douteux et inadapté à la nature humaine, on voit maintenant un mouvement inverse, avec l’économie du bonheur, et des penseurs idéalistes qui réfléchissent aux moyens de rendre le monde un peu plus juste. L’idéologie du sympa […] qui veut cultiver gentillesse, convivialité et spontanéité exerce d’autant plus un pouvoir d’attraction que notre société semble toujours plus anxiogène et chronophage.»

Une évolution normale, d’après le sociologue Alain Caillé qui note que «depuis trois siècles, il existe une corrélation entre l’accroissement de la marchandise et le don spontané. Et plus le rapport social est soumis aux règles du marché, plus il y a une aspiration de l’individu à la purification par le don.»

Mais une évolution qui peut laisser perplexe. «L’altruisme qui ne tient pas compte des besoins d’autrui n’est qu’un égoïsme sublimé. Car, comme l’écrivait Sénèque, le véritable don autorise la réciprocité. Pour donner sans arrière-pensée, il faut s’intéresser à l’autre, et ne pas souffrir d’un complexe du sauveur qui ne servirait qu’à racheter son âme», rappelle le philosophe Yannis Constantinidès. Il est sans doute grand temps de relire Sénèque.

fleche 2 avant   Lire l’article